Reseña del libro "Lettres (en Francés)"
« Je croyais que rien ne saurait ajouter à ma tendresse, vénérable père, et que mon amour pour toi ne pouvait s’accroître encore. Il a reçu pourtant un degré de plus, grâce aux dieux, grâce à cet enfant qui devient le centre de nos affections, et qui donne un double titre à chacun de nos deux noms. Il est ton petit-fils, et il te fait grand-père ; il est mon fils, et je suis le tien ; par cette naissance, nous voilà pères l’un et l’autre. Ce n’est plus ma seule piété filiale qui m’engage à t’aimer ; je t’aime encore parce que tu as deux fois le nom de père. Ainsi ce nouveau titre augmente la vénération que tu m’inspires, et je puis apprendre à mon fils comment on aime un père. Il me semble que je suis ton égal, aujourd’hui que cet enfant m’ennoblit à mon tour de cet honorable nom. D’ailleurs notre âge est presque le même ; car mes années suivent de près les tiennes, et je pourrais passer pour ton frère : il n’y a pas, entre ta naissance et la mienne, autant d’intervalle qu’il s’en trouve d’ordinaire entre beaucoup d’autres. J’ai vu des frères dont l’âge différait autant que le nôtre. Un titre de plus n’ajoute point au nombre des années. Chez toi, la belle jeunesse s’enchaîne si bien à la vieillesse, que ta première saison se prolonge quand la dernière a commencé : déjà on dirait que ces deux âges sont convenus de se montrer l’un et l’autre sans presser leur marche : l’un s’écoule doucement, l’autre s’avance avec lenteur, apportant le fruit mûr quand la fleur brille encore...»